Quelle est l’évolution naturelle d’un glaucome ?

Connaître l’évolution naturelle d’un patient glaucomateux, mais aussi celle d’un sujet sain ou hypertone, sont des notions fondamentales, car elles nous permettent ­d’élaborer notre stratégie thérapeutique et d’estimer le pronostic de la maladie. En effet, même au sein de ces 3 groupes, cette évolution naturelle n’est pas homogène. L’enjeu de notre suivi est de détecter les patients dont le pronostic visuel est menacé de handicap, afin d’optimiser une prise en charge individualisée et de déterminer la pression intraoculaire (PIO) cible.

Dans le cas d’un nerf optique normal

Chez un patient hypertone non glaucomateux

Chez un patient glaucomateux

Les points forts
- De façon physiologique, un nerf optique perd chaque année 0,6% de ses cellules ganglionnaires.
- Chez le patient hypertone, le taux moyen de conversion glaucomateuse est de 9,5% à 5 ans, mais ce risque atteint 40% chez les patients à haut niveau de risque [2,3].
- Les facteurs de risque de conversion glaucomateuse sont les suivants : âge, niveau de PIO, pachymétrie fine, rapport C/D vertical augmenté, élévation du PSD, myopie forte, pseudoexfoliation capsulaire, dispersion pigmentaire, mélanodermie, antécédents familiaux de glaucome, facteurs vasculaires.
- Chez le patient glaucomateux débutant à modéré, une progression de la maladie est constatée dans 62% des cas en l’absence de traitement. Un abaissement pressionnel de 25% permet de réduire ce risque à 45% et chaque mmHg gagné réduit de 10% le risque de ­progression [6].
- Le rythme de progression naturelle d’un glaucome avancé est plus rapide que celui d’un glaucome modéré et, a fortiori, débutant (emballement de la maladie), et une PIO moyenne de moins de 12 mmHg permettrait de stabiliser les déficits [7].
- Le GPN présente naturellement un taux de progression lent de l’ordre de 0,36 dB/an [6]. Un abaissement pressionnel de 30% ou plus permettrait de stabiliser les déficits [8]. Les facteurs de risque de progression du GPN sont les suivants : PIO initiale plus élevée, fluctua­tions de la PIO, importance des déficits, sexe ­féminin, migraine, hypotension artérielle, sténose carotidienne, vasospasme.

Auteurs

  • Muriel Poli

    Ophtalmologiste

    Centre ophtalmologique Pôle Vision Val d’Ouest, Ecully ; Centre hospitalier universitaire Lyon-Sud, Pierre Bénite

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