Glaucome chez une femme enceinte : que faire ?
En France, l’âge moyen des mères à l’accouchement est de 30 ans. À cet âge, la prévalence du glaucome est heureusement très faible, de l’ordre de 0,16% [1], mais la pathologie doit être connue car le passage systémique des collyres expose le fœtus à de graves risques malformatifs, voire létaux. Pour des raisons éthiques, aucune étude clinique ne quantifie les risques fœtaux encourus avec l’utilisation des traitements antiglaucomateux chez la femme enceinte, et l’ensemble des recommandations émane d’études animales ou d’études rétrospectives de cas cliniques dont le niveau de preuve scientifique est moindre. Le traitement du glaucome au cours de la grossesse fait donc l’objet de controverses et nous proposons ici une revue de littérature actualisée à ce sujet.
Que retenir ?
• Au cours de la grossesse, la plupart des glaucomes sont contrôlés et permettent une réduction du traitement local, mais un tiers d’entre eux présentent un déséquilibre pressionnel.
• Tout traitement est à risque de tératogénicité et de toxicité fœtale et la prise en charge de la patiente devra se faire après information claire des risques encourus, appréciation du rapport bénéfice/risque et concertation multidisciplinaire avec les obstétriciens.
• Quel que soit le traitement, les manœuvres de réduction du passage plasmatique de la molécule devront être observées (occlusion des points lacrymaux de 5 minutes au minimum, fermeture des yeux, contre-indication des lentilles).
• Toutes les patientes glaucomateuses en âge de procréer doivent bénéficier d’une prise en charge optimale, chirurgicale si nécessaire, afin d’autoriser un éventuel sevrage thérapeutique au cours de la grossesse.
• Quand cela est possible, les traitements médicaux doivent être réduits au minimum au cours de l’embryogénèse, c’est-à-dire entre la troisième et la huitième semaine de la grossesse. Le tableau III donne une synthèse des recommandations thérapeutiques et des risques encourus.
• Tout au long de la grossesse, la réalisation d’une trabéculoplastie peut permettre une épargne thérapeutique mais les résultats sont moindres chez les patients jeunes.
• La chirurgie doit être réservée aux cas de menace fonctionnelle sévère et réalisée sous anesthésie locorégionale. En l’absence d’antimétabolites, qui sont contre-indiqués, le risque de fibrose précoce de la bulle de filtration est élevé.
• Le suivi des patientes devra être rapproché, trimestriel au minimum, afin de suivre l’évolution de la maladie et adapter les traitements aux contre-indications inhérentes à chaque période du terme.