Loi « Conso » : le Sénat réintroduit des dispositions abandonnées par les députés
- la mesure de l’écart interpupillaire par les ophtalmologistes,
- l’extension de la validité de l’ordonnance à 5 ans.
Le Snof a vigoureusement réagi : « C’est un vrai retour en arrière et nous regrettons que la vue des Français soit inconsidérément menacée dans le seul but de "dynamiser" le commerce d’équipements optiques » a commenté son président, Jean-Bernard Rottier, qui a adressé une lettre aux sénateurs avant la reprise des débats sur le projet de loi le lundi 27 janvier 2014.
Il leur a rappelé son inquiétude concernant ces dispositions dont les conséquences probables sur la santé visuelle des Français sont particulièrement alarmantes :• La mesure de l’écart inter-pupillaire, imposée aux ophtalmologistes, risque d’aggraver la pénurie de médecins alors même que les opticiens sont disponibles et parfaitement qualifiés pour réaliser cette mesure.
En effet, « cette mesure consomme 2 à 3 minutes par patient, soit 30 minutes par jour et par praticien. Multiplié par 10 millions d’ordonnances de lunettes par an, cela équivaut à monopoliser plus de 200 équivalents temps plein d’ophtalmologistes. Ou, pour le dire autrement, à supprimer 2 ophtalmologistes par département, en pleine pénurie ! »
Et le Dr Rottier donne clairement sa position : « Que ce soit dit : nous ne consacrerons pas 30 minutes par jour à cette mesure, au détriment de patients qui ont besoin d’être soignés. Nous avons ainsi un devoir de désobéissance : nos patients sont prioritaires et nous aurons leur soutien. »• L’extension de la validité de l’ordonnance à 5 ans, laissée à la libre appréciation de l’opticien, menace le dépistage de la population actuellement permis par un suivi régulier.
« Si vous aviez interrogé l’Académie de médecine ou la Haute autorité de santé, elles vous auraient donné les références d’études épidémiologiques internationales qui montrent la nécessité d'être vu par un ophtalmologiste tous les 2 ans, à partir d’un certain âge et compte tenu des antécédents de la personne, pour dépister les maladies asymptomatiques pouvant avoir des conséquences irréversibles, comme le glaucome ou la DMLA » leur a écrit le Dr Rottier.
Et de conclure « je fais encore une fois le triste constat que c’est dans le cadre d’une loi sur la consommation, que l’on tente de modifier l’exercice d’une profession médicale, et cela sans consultation des autorités compétentes ou même de la commission des Affaires sociales. »Télécharger la lettre du Docteur Rottier