Les bonnes et les mauvaises indications en chirurgie ophtalmologique
Savoir poser la bonne indication pour le bon patient est au cœur du savoir-faire que nous développons tout au long de notre carrière. Ce dossier est orienté sur les conditions discriminantes qui permettent de faire le tri entre les bonnes et les mauvaises indications pour une sélection non exhaustive de techniques chirurgicales. Dans un futur assez proche, des algorithmes aidés par l’intelligence artificielle seront à la disposition de chacun pour assister le praticien dans ses choix, mieux profiler le patient, quantifier les risques et finalement optimiser nos chances de succès. Néanmoins, le bon sens clinique, fondé sur l’expérience acquise de ses mains et non pas celle injectée par les algorithmes, reste déterminant. Une « bonne indication » est celle qui prend en compte la somme des recommandations, des caractéristiques du patient, mais qui se détermine également par le vécu chirurgical individuel du médecin opérateur. In fine, il sera difficile de tout protocoliser et l’environnement, l’habitus, le chemin de formation impactent inexorablement la détermination du choix. Preuve en est la disparité légendaire des réponses lors des réunions d’experts, faisant la richesse des échanges qui animent nos congrès. Dans cet exercice difficile qui consiste à statuer sur certaines recommandations, nous avons invité le Pr Alexandre Denoyer à nous parler de la multifocalité laser et implantatoire, le Pr Éric Gabison des greffes endothéliales, le Pr David Touboul à parler du corneal collagen cross-linking et le Pr Cédric Schweitzer des MIGS.
Bonne découverte !
David Touboul
Centre de référence national du kératocône, CHU de Bordeaux, Rédacteur en chef des Cahiers d’Ophtalmologie
La chirurgie est-elle une science ou un art ? Au-delà du geste chirurgical qui doit nécessairement être précis, contrôlé et expérimenté, il existe aussi toute une facette de la chirurgie qui concerne les choix, parfois difficiles et non consensuels, des indications, techniques ou matériaux. Dans certains cas, ces choix sont réfléchis et discutés en préopératoire mais ils doivent aussi parfois être pris « à chaud » en temps réel en peropératoire lors de la réalisation de l’acte. Ils ont une importance haute, voire supérieure à celle du geste en lui-même et doivent faire appel aux connaissances théoriques du chirurgien et à son expérience, tout en s’adaptant à la situation du patient. Dans ce dossier, des chirurgiens expérimentés partagent leur analyse et leur expérience sur des indications qui ne font pas toujours l’objet de consensus. Le Pr Jean-Baptiste Conart fait le point sur le choix crucial entre indentation et vitrectomie dans les décollements de rétine. Il rappelle que l’indentation garde encore sa place dans certaines indications et doit même être absolument réalisée dans les cas de décollement d’origine rétinogène à vitré non décollé, qui sont liés à des trous atrophiques ou à une dialyse à l’ora, sous peine d’entraîner un risque majeur de récidive et des complications postopératoires. Le Dr Yannick Le Mer présente une synthèse des techniques innovantes proposées dans la prise en charge des trous maculaires de grande taille. Le Dr Élise Philippakis expose les éléments de décisions dans les implantations secondaires suite à l’arrivée de nouvelles techniques et de nouveaux implants à fixation sclérale. Le Dr Pierre-Henry Gabrielle présente les options thérapeutiques dans les hémorragies du vitré compliquant la rétinopathie diabétique proliférante, et les paramètres à prendre en compte pour la décision de réaliser ou non une vitrectomie.
Je vous souhaite une agréable lecture
Aude Couturier
Hôpital Lariboisière, Paris, Directeur scientifique des Cahiers d’Ophtalmologie