L’impact de l’environnement est de plus en plus souvent incriminé dans la physiopathologie des maladies de la cornée et de la surface oculaire. Qualité de l’air, exposition à la lumière, stress mécanique et comportement visuel sont autant de facteurs physiques environnementaux pouvant déstabiliser l’homéostasie biologique de la muqueuse oculaire. L’illustration en sera faite dans ce dossier par l’analyse du retentissement de l’usage intensif des écrans et de la pratique exagérée des frottement oculaires. Ces 2 tendances comportementales liées à notre environnement sont de nos jours en forte augmentation, en particulier chez les plus jeunes, et représentent un sérieux enjeu dans la prévention de la sécheresse oculaire et du kératocône. Valentin Navel insistera donc sur le rôle des écrans dans nos vies et sur les pistes de la prévention. David Touboul proposera une promenade dans l’analyse sémiologique fine des frottements oculaires qui permet de mieux distinguer les frottements pathologiques des frottements anodins.

Des facteurs environnementaux ont également été mis en cause dans l’apparition de certaines pathologies rétiniennes. Dans la survenue d’une DMLA notamment, même si les facteurs génétiques semblent jouer un rôle prépondérant, l’alimentation, l’activité sportive, le tabac ou l’exposition au soleil sont aussi incriminés. La choriorétinopathie séreuse centrale est également une pathologie rétinienne dont les poussées aiguës sont favorisées par des facteurs de l’environnement tels que le stress mais aussi le travail de nuit, comme le précisera dans ce dossier Pauline Eymard. Dans une démarche de limiter tous ces facteurs aggravants, la question de l’effet de la lumière bleue et des écrans sur nos yeux se pose fréquemment. Sophie Bonnin fera le point sur les effets démontrés de la lumière bleue chez l’animal et les recommandations récentes de l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail). De plus, l’influence de la lumière bleue sur le sommeil ne doit pas être négligée, nos rétines ayant un rôle primordial pour notre rythme circadien, via les cellules ganglionnaires à mélanopsine !

Nous vous souhaitons donc une bonne lecture et un bel été loin de tout stress et des écrans.

David Touboul
Centre de référence national du kératocône, CHU de Bordeaux
Rédacteur en chef des Cahiers d’Ophtalmologie 

Aude Couturier
Hôpital Lariboisière, Paris
Directeur scientifique des Cahiers d'Ophtalmologie