J’ai le plaisir d’introduire ce dossier annuel consacré à l’apport de la tomographie par cohérence optique dans le domaine du glaucome.
La tomographie par cohérence optique est une méthode d’imagerie non invasive permettant de réaliser des coupes des tissus avec une excellente résolution spatiale. Initialement développée par des physiciens, cette méthode a ensuite trouvé de nombreuses applications dans le domaine de la médecine, et tout particulièrement en ophtalmologie. En une quinzaine d’années seulement, elle a complètement révolutionné nos pratiques dans de nombreux domaines : glaucome, rétine médicale, cornée et neuro-ophtalmologie. Toutes ces applications ont fait l’objet d’un passionnant rapport de la Société française d’ophtalmologie en mai 2019. Nous vous en présentons ici un résumé dans le domaine du glaucome.
Dans un premier article, je vous expose les nombreuses applications relatives au segment antérieur. L’OCT permet notamment une étude quantitative et reproductible de l’ouverture et de la configuration de l’angle iridocornéen, complémentaire de l’examen clinique gonioscopique, et qui a permis de nombreux travaux sur les mécanismes des glaucomes par fermeture de l’angle.
Muriel Poli rappelle l’intérêt majeur de l’OCT dans le diagnostic d’un glaucome, et notamment pour différencier une neuropathie glaucomateuse débutante d’une simple hypertonie oculaire, ce qui guidera la mise en route d’un traitement. Les paramètres analysés sont nombreux, souvent présentés de façon spécifique par chaque fabricant, et l’analyse d’un rapport d’OCT n’est pas un exercice trivial. Il doit être réalisé de façon précise pour que l’interprétation soit valable.
Le rôle de l’OCT pour le suivi d’un glaucome, notamment aux stades de glaucome débutant ou modéré, est maintenant formellement démontré. Jean-Paul Renard nous expose, dans un article richement illustré, la place des différentes techniques d’analyse de la structure et les techniques d’analyse de la progression des 3 familles de paramètres anatomiques fournis par les OCT (couche des fibres optiques péripapillaires, tête du nerf optique et complexe ganglionnaire maculaire).
Enfin, le développement récent de l’OCT-angiographie permet une étude du réseau microvasculaire de la papille, de la région péripapillaire, et de toutes les couches de la rétine. Une pléthore de travaux de recherche se sont intéressés aux applications potentielles de l’OCT-angiographie pour le diagnostic et le suivi d’un glaucome. Si les résultats sont encore contrastés et si la place de cette technique en pratique courante reste à être définie, il est certain qu’elle nous aidera à mieux comprendre les mécanismes des neuropathies glaucomateuses, et notamment le rôle des atteintes vasculaires. Cédric Schweitzer nous présente toutes les applications possibles de l’OCT-angiographie dans le domaine du glaucome.

Bonne lecture,

Florent Aptel
CHU Grenoble-Alpes, université Grenoble-Alpes